• Article de Khaz du 28 Novembre 2017

    Pouvons-nous devenir le ciel ?

    La Nature continue de dérouler son spectacle, de l'inventer de minute en minute, selon ses lois immuables, ce qui pourtant crée un nouveau sans cesse inédit, bouleversant de beauté. 

    De mes amis Vosgiens je reçois cette image ... presque Sibérienne ! brrrr ...

     - Pouvons-nous devenir le ciel ? -

    Nous n'en sommes pas encore là mais peu à peu le noir et le blanc reprennent plus de place dans le paysage.,

    Parfois, cependant, le soir, pendant quelques dizaines de minutes, éclatent les couleurs chaudes. 

    - Pouvons-nous devenir le ciel ? -

    Je m'assieds alors et contemple en silence, oubliant qui je suis.
    Je deviens ce que je contemple, ma respiration fait entrer en moi cette immensité, ou bien c'est moi qui devient elle, comme le sucre dans un verre d'eau ... disparait. 

    - Pouvons-nous devenir le ciel ? -

    Parfois très haut dans le ciel un oiseau rapace, un milan peut-être, fait de grands cercles.  

    - Pouvons-nous devenir le ciel ? -

    Que vois-tu de là-haut, oiseau ?
    Tout de même pas de petites proies au sol... la lumière est sans doute bien trop faible pour que tu les distingues.
    Alors fais-tu comme moi, engrangeant en toi la beauté du jour, dans la joie d'être vivant, tout simplement ???  

    Mais ton vol circulaire se déplace, tu disparais à ton tour, et je me retrouve à nouveau comme happé dans la résille des branches, grand vitrail de la nature. 

    - Pouvons-nous devenir le ciel ? -

    Le froid se rappelle à moi, me ramène à ma petite réalité.
    Le soleil continue sa plongée derrière l'horizon,  

    - Pouvons-nous devenir le ciel ? -

    Je dois rentrer mais que cet instant fut précieux, instant  où éclate l'évidence de notre unité avec le monde.

     


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  • C'est d'actualité. Reprise de l'article http://kazimir.eklablog.com/quand-le-soleil-chauffe-un-peu-trop-a126746740

     

    Quand le soleil chauffe un peu trop nous percevons combien notre vie sur cette planète est fragile et presque miraculeuse.
    Ô combien elle est agréable  quand tout est douceur, harmonie. 

    Mais comme la situation se retourne vite  ! Là où je marchais avec des bottes il y a deux mois, c'est dur comme brique.
    Et dans le jardin Nord, le sol se craquelle.  

    - Quand le soleil chauffe un peu trop -

    A d'autres endroits dans le terrain, les fissures sont plus larges et j'y entre facilement mon pied. 

    Oh... j'ose à peine dire cela après ce qui vient de se produire dans les paradisiaques montagnes italiennes !
    Que de questions se pressent dans nos esprits ... 

    Et pour en rester à la chaleur comment font les plantes grasses ou celles à feuilles luisantes, vernissées, pour résister si bien à l'intensité terrifiante du rayonnement solaire ? 

     - Quand le soleil chauffe un peu trop -

    Repousses d'un laurier cerise que j'ai coupé l'hiver dernier 

    Pas une de ses feuilles n'est flétrie. Ces plantes détiennent un savoir précieux. Saurons-nous le découvrir ?
    Ce serait mieux que de nous entre-tuer. Aimer nos vies. Aimer la vie.  

    Je suis descendu vers le petit étang.  

    - Quand le soleil chauffe un peu trop -

    Bon, d'accord, ce n'est pas le Lac d'Annecy ni celui du Bourget (Ô Papydom !) mais il y a encore de l'eau pour le bonheur des grenouilles...

     


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  • Comme à mon habitude je couple souvent les articles que je publie ici et sur mon autre blog.

    Aujourd'hui je cherchais le mot "départ" : il n'apparait pas dans cet article de Khaz, mais c'est impossible de ne pas le republier, tellement c'est profond :

     resilience.jpg

    [...] Dans une vie, la « quantité » de malheur est-elle supérieure à la « quantité » de bonheur ?

    Les évènements malheureux qui surviennent ont-ils plus de poids que les bons ?
    Peut-on les peser avec une Roberval, comme l’on ferait avec des cailloux blancs et d’autres noirs ? 

    Poser ainsi la question nous égare, nous entraîne dans une voie sans issue. Les « bonheurs » et les « malheurs » ne sont pas de même nature. Un don ne se pèse pas avec la même balance qu’une privation.
    La naissance d’un enfant n’est pas à comparer à sa mort. Sa naissance était apparition d’un être. La fin de sa vie ne supprime pas sa naissance. C’est la fin d’un parcours, fin prématurée. Mais sa naissance demeure un fait éternel, ineffaçable. Le monde, après sa naissance, ne sera plus jamais le monde d’avant.   

    Le bonheur, c’est un don de vie, c’est une présence, l’ouverture à un autre. C’est un soleil qui se lève. Le soleil qu'est l’autre. Ou qu’il peut devenir : c’est une promesse de relation. C’est aussi tout ce qui peut favoriser la rencontre de l’autre, d’un autre.

    Quand le soleil se lève le matin, c’est une joie. Pas le soleil par lui-même. Une étoile, c’est une boule de feu… j’en fais quoi ?
    Mais la venue du soleil me réchauffe (don de vie) et établit le jour : je vais pouvoir « voir », rencontrer, les autres. 

    Remarquons que deux amants, s’ils n’ont pas encore faim de pain et de beurre, ne désirent pas forcément que le soleil se lève rapidement. La rencontre avec l’autre, ils sont en train de la vivre. Pour l’instant le soleil peut bien rester couché !!!! Leur soleil, c’est leur relation.  

    Le bonheur, c’est d’avoir deux jambes pour marcher vers l’autre, ou une voiture pour pouvoir lui rendre visite, ou de l’argent pour lui offrir le restaurant, ou une maison, ou élever les enfants qui pourront venir…  

    Le bonheur, c’est toujours une relation. Une relation espérée. Une relation en train de s’épanouir. Et certes, elle n’est jamais achevée.  

    Le bonheur, c’est l’acquisition d’un nouveau moyen de relation. 

    Par exemple un appareil photo. Car si je fais des photos, c’est bien pour les montrer. 

    Ou par exemple une nouvelle recette de cuisine. Si je l’apprends, c’est bien pour partager le nouveau plat avec quelqu'un. 

    Ou encore l’apprentissage d’un instrument de musique… pour la même raison. 

    Un couple humain n’est heureux que s’il avance sur un chemin neuf : celui de la découverte de l’autre.  

    Si ce désir de découverte s’éteint, si l’espoir de découvrir le mystère qu'est l’autre se tarit, le couple entre dans le malheur. Ou au moins dans la tristesse et l’ennui…. On continue à vivre ensemble, mais on s’emmerde !   

    *****
    Alors, en cas de malheur, on fait quoi ?  

    Nous parlons des grands malheurs, dont on dit qu’ils créent des plaies qui ne peuvent se refermer. Le mot n’est pas heureux.
    Ces grands malheurs modifient le monde d’une façon définitive : oui.
    L’état antérieur est irrécupérable : oui.
    Mais faut-il parler de plaie ? De plaie inguérissable ?
    Si la plaie demeurait béante ….cela signifierait que la vie s’est totalement arrêtée, comme dans le château de la Belle au Bois Dormant.
    La plaie se cicatrisera si la vie reprend son cours, c’est-à dire si le sujet, contraint par la réalité, accède à un niveau supérieur d’« être ».  

    Cette capacité de résister, et de se transformer, ce doit être cela que l’on appelle maintenant résilience. Je ne m’intéresse pas trop à ce mot à la mode. Mais j’avoue que le défi que la vie peut, en somme, proposer à quelqu’un, ou plutôt imposer, et sans préavis, a quelque chose de vertigineux. D’une brutalité inouïe. 

    Elle exige de l’individu une évolution gigantesque ! Elle lui demande, comme une sphinge sans pitié, de comprendre ce qu’est la présence dans l’absence…… 

    Mutation de l’intelligence qui semble de prime abord impossible. Exigence presque surhumaine !  

    Je comprends que beaucoup échouent devant ce gouffre. Et cherchent à fuir (médicaments, oubli, divertissements, repli sur soi…). Je comprends aussi que beaucoup cherchent à s’éloigner des endeuillés, et des grands traumatisés de la vie. Comme on s’éloignerait d’une falaise qui menace de s’effondrer. 

    Une autre attitude est heureusement possible ! Car le rétablissement de la joie de vivre l'est aussi.  

                                                               lever-de-soleil-epis-.jpg


    La mort n’arrêtera pas la vie ! 
    [...]


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  • En cherchant une photo de mon grand-père déguisé en Charlot, j'ai retrouvé des photos de tente qui apparaitront dans mon autre blog.
    Et voici ce que j'ai recueilli chez Khaz à propos de tente.
    Encore une bien belle réflexion tirée de http://kazimir.eklablog.com/la-shekinah-ou-sont-nos-disparus-toulouse-alpes-de-haute-provence-keny-a115307148

    Une question me poursuit : où sont ceux que nous avons aimés et qui ont, nous dit-on, " disparu " ?  

    Question subsidiaire : savez-vous ce qu'est la Shekinah ?

    Ce mot hébreu vient du verbe "  chekin " qui signifie se trouver là, résider, habiter.
    La Shekina désigne la présence permanente de Dieu en chaque être.
    Mais aussi dans toutes les manifestations naturelles, spectaculaires ou discrètes.
    Simples exemples : un coucher de soleil, une goutte d'eau.

    Les Hébreux célébraient la Shekinah dans le temple de Jérusalem.
    Mais quand ils en furent séparés pour diverses raisons historiques, ils construisirent un tabernacle portatif et le transportaient avec eux dans le désert.Si je dis des sottises, Simone me corrigera !

    Or qu'y avait-il dans ce tabernacle ... ??? Rien : il était vide.
    La "présence de Dieu" est une absence : une absence apparente, évidente, incompréhensible. 

    C'est bien ce que nous éprouvons quand nous pensons à ceux qui sont "partis". Et je dis tout de suite qu'ils ne sont pas au cimetière, lieu où nous pourrions trouver quelques os, ou un peu de poussière. Non, non et non : ils ne sont pas là ! Ce ne sont que des restes matériels sans le moindre intérêt. Passé le temps du deuil, il faut totalement oublier ces restes. Sinon on devient fétichiste. 

    Pourquoi vous dis-je tout cela ? Parce que, ne sachant quoi vous écrire, j'ai pensé à vous montrer un objet bizarre que j'ai fabriqué il y a quelque temps, et tellement bizarre que je croyais ne jamais le montrer à personne.
    Et soudain, en le regardant, j'ai pensé à la Shekinah ! 

    - La Shekinah - Où sont nos disparus ? - Toulouse... Alpes de Haute Provence... Kénya... -

    C'est donc une sorte de petite cabane, tente, ou hutte. Un tipi ? Mais personne ne l'habite. En apparence. 

    - La Shekinah - Où sont nos disparus ? - Toulouse... Alpes de Haute Provence... Kénya... -

    Et voici que j'ai pensé à tous ces gens qui ont récemment perdu la vie et spécialement  à ces jeunes gens, étudiants, petits enfants même ! Aux trois enfants de l'école de Toulouse Ozar-Hatorah, tués le 19 mars 2012, ( une enfant était en maternelle ! )
    Aux 149 morts de l'airbus ce 24 mars dans les Alpes de Haute Provence, dont 16 élèves d'un lycée de la Rhur, le lycée Joseph König.
    Et aux 148 personnes assassinées le 2 avril au Nord-Est du Kenya, sur le campus universitaire de la ville de Garissa, dont 142 jeunes étudiants qui avaient le tort de ne pas être musulmans.

     Où sont-ils ? je leur offre ce lieu, temple de ce qui est invisible, mais terriblement présent !  

    - La Shekinah - Où sont nos disparus ? - Toulouse... Alpes de Haute Provence... Kénya... -

    Car en nos coeurs s'élève un cri de douleur mais aussi une prière chargée de tout notre amour de la vie. Comme si nos bras se dressaient vers le ciel pour implorer. 
    Oh certes nous sommes aussi impuissants que nous sommes ignorants et tous nos gestes semblent dérisoires. 

    - La Shekinah - Où sont nos disparus ? - Toulouse... Alpes de Haute Provence... Kénya... -  Un tipi pour les absents -

    Mais où que nous allions, quoi que nous fassions, nous ne cesserons pas de penser à eux tous. 

    Eux et nous, pour toujours, nous sommes UN. 


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  • Bonne fête à tous les pères, même si parmi mes lecteurs ils ne sont pas nombreux.
    J'ai retrouvé cet article de Khaz http://kazimir.eklablog.com/bien-avant-le-telephone-portable-a182795214 qui m'a beaucoup ému.

    Ce jour je vais vous raconter un souvenir que je retiens depuis de nombreuses années pour la raison qu'il révèle un fait intime, une sorte de petit secret familial, dont je suis aujourd'hui, et depuis le décès de mes parents, le seul détenteur.

    Mais la vraisemblance que ce blog s'en vienne à fermer dans un temps relativement court m'inspire de surmonter ma réticence à écrire donc révéler ce qui va suivre.  Certains de mes lecteurs se moqueront peut-être ... Et bien tant pis.  Ma décision est prise.

    - Bien avant le téléphone portable ! -

    Plusieurs faits pour situer l'époque et la situation des protagonistes : mes deux parents et moi.

    C'était au début de l'été 1945, année où je passais mon second bacc.

    Etais-je un peu "retardé" ? Cela se pourrait bien, et c'est même une certitude, car quand je vois les jeunes au même âge maintenant....  rien de comparable. Ils ont (pour ne parler que de ça) tous déjà pris l'avion et découvert plusieurs continents !

    Nous, nous vivions dans un tout autre monde, qui n'existe vraiment plus, et notre famille plus particulièrement, car nous vivions très en marge de la
    société : mon père, Gueule Cassée de 14, ne pensait, dès qu'il rentrait à la maison, qu'à y libérer son visage de son masque, si lourd à porter. Mais s'il ne pouvait pas montrer son visage à l'extérieur, nous devions, nous, en supporter la vision : un gouffre béant ouvert sur les entrailles de son cerveau ...

    Nous habitions aux "Saints-Pères", une extension de la ville de Meaux, à 5 km de la gare de Meaux, ce qui va prendre de l'importance pour ce que je vais raconter.

    Mon père pour sa profession utilisait beaucoup le train, et aussi la bicyclette. Il connaissait peu Paris mais savait tout de même y aller. Par exemple il y allait pour acheter de la bonne huile d'olive dans un magasin près du Bazar de l'Hôtel de Ville. Moi, pas du tout : je n'avais mis qu'une fois les pieds dans la capitale, en 1939 (j'avais 12 ans) pour voir l'expo universelle, ce qui veut dire que l'image unique que j'avais de Paris était équivalente à un rêve (éveillé et émerveillé) sans la moindre connaissance concrète et opérationnelle.

    Puis était venu (après 1939)  le long cauchemar de la guerre, années de plomb, période sombre qui s'acheva sous les bombes et le feu des avions anglais (les Black-Widows, à deux fuselages) et le rugissement des chars américains.  ...

    Or voici que mon épreuve écrite du baccalauréat se passait pour nous à Paris. Pourquoi ? Je n'en ai pas la moindre idée. Mais il me fallait aller à Paris. On m'aurait dit, il te faut aller sur la lune, je n'aurais pas été plus embarrassé. Mon père a donc décidé de venir avec moi à Paris, et ce évidemment par le train. Ce qui veut dire descente à la gare en vélo afin d'y prendre un train pour Paris.

    Vous me suivez encore? Super!  

    ***

     Nous étions arrivés en gare avec beaucoup d'avance, habitude paternelle.

    Autre habitude paternelle : s'installer au milieu du train. En cas de collision, les dégâts touchaient soit l'avant du train, soit l'arrière. C'était donc la zone la plus sûre. Il me l'avait une fois de plus expliqué ce jour-là même, en choisissant nos places dans ce train encore vide. Il ne nous restait plus qu'à attendre le départ du train.

    Tout était calme, parfait : détente complète pour un voyage si bien préparé. 

    *** 

    Mais dans notre maison aux Saints-Pères, le modeste lieu où nous cachions nos vies, la situation était bien différente ! 

    - Bien avant le téléphone portable ! -

     Ma mère venait de découvrir quelque chose. Ma convocation aux épreuves du bacc ! J'étais parti sans. Comment dans ces conditions y être admis ?

    Bon, l'heure du départ du train n'était pas encore arrivée, mais il lui fallait se rendre à la gare pour nous passer ce document. Comment ? Ma mère ne roulait pas en vélo. Et sportive, pas le moindre du monde.

    Peu importe, il n'y avait qu'à courir. Mais sur une telle distance, cela parait impossible à une personne non entrainée. Elle s'élança cependant. Ma mère était très croyante. Elle adopta une façon scoute de courir ( ? ) courir trois minutes puis marcher trois minutes en essayant de récupérer lors de cette marche. En fait elle récitait trois "je vous salue Marie" en courant puis trois autres en marchant (je ne suis pas sûr du chiffre trois).

    Que pouvait-elle bien penser, ma mère (et je suis ému en la nommant ainsi et en l'imaginant ainsi) en plus de courir au-delà de toute prudence ?

    A une seule chose, c'est que le succès où l'échec de sa tentative allait se jouer à quelques secondes près, et ce dans le meilleur des cas. Mais que si mon père restait avec moi au centre du train, cela voulait dire qu'arrivée sur le quai, il lui faudrait encore courir pour remonter ce train sur la moitié de sa longueur, et qu'elle n'y arriverait pas. 

    *** 

    Alors pendant ce temps, que se passait-il pour nous dans le train ? Rien pour commencer. Il y avait très peu de monde dans les wagons. Mais peu à peu, mon père perdait son calme habituel. Il devenait de plus en plus inquiet, comme agité par un mal secret, ce qui l'amena à se lever plusieurs fois, se rasseoir, se relever, regarder vers le quai. Puis soudain il me dit : on descend et on va remonter dans le dernier wagon. Moi qui l'observais en silence (on parlait peu dans la famille) mais avec un étonnement croissant, je l'ai suivi comme son ombre. Nous prenions un risque car le moment fatidique où le chef de gare allait siffler le départ approchait dangereusement. Mais voilà, nous grimpions dans le dernier wagon au moment même où le coup de sifflet du départ a percé le silence du matin, et mon père s'est littéralement précipité vers la dernière fenêtre de ce wagon (c'était un wagon ouvert, sans aucun compartiment) a ouvert cette fenêtre, et là ont retenti (faiblement) deux appels sur le quai : " Julien ! Julien ! ".

    Le train commençait à rouler. Mon père a tendu le bras vers le quai, a saisi quelque chose que lui tendait ma mère, et ce fut tout, car le train prenait doucement mais inexorablement de la vitesse.

    Nous étions à nouveau simplement tous les deux dans le wagon. 
    D'autres personnes ? Pas le moindre souvenir.

    Mon père a regardé de quoi il s'agissait. La convocation. Parfait, tout était enfin dans l'ordre. Le train pouvait rouler, la journée commençait. 

    Et oui, car cette journée (où je passais donc un examen important pour la suite de mes "études") ne faisait que commencer. Curieusement je n'en garde aucun souvenir. Les examens eux-mêmes ne m'ont jamais stressé. Tout s'est bien passé. Plus rien à en dire.

    Par contre reste en moi, vaste comme le cratère d'un volcan, l'immense espace creusé par cette question sans réponse jusqu'à ce jour : que s'est-il passé entre mon père et ma mère ce matin-là ? Comment l'imaginer ? Le décrire ? Quels mots utiliser ? Quels concepts ? Comment ont-ils "communiqué" entre eux, de telle sorte que mon père a finalement pris cette ultime décision, si opposée à sa pensée ?

     Pas la moindre idée.  

    Mais pas la moindre possibilité non plus de penser   ... qu'il ne s'était rien passé. Simplement je n'ai pas les mots nécessaires.

     ***

     Ma mère a survécu à cette épreuve insensée.

    Moi qui ne vais pas fort en ce moment et qui suis à bout de souffle alors que je ne fais quasiment rien, je suis d'autant plus ... impressionné en évoquant et en tentant de décrire ces minutes. Si j'étais en meilleure forme, je me lancerais peut-être dans des hypothèses. Mais mieux vaut sans doute que je me taise. De plus je ne suis là que sur un petit ordinateur de secours qui ne me permet pas d'ajouter un dessin, navré. 

    *** 

    Si par hasard c'était mon dernier article, et bien ce serait une curieuse chose, une de plus. Mes autres articles, conte du dimanche, réflexion du mercredi, sont tous préprogrammés (ainsi que celui-ci), je les laisse tels qu'ils sont. Le dernier est un petit conte pour le dimanche 8 mars. 

    Ensuite .... on verra ! 

    Bisous à tous.


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